Les dispositifs numériques au service de la politique de développement en RDC
Les technologies numériques transforment l'économie mondiale. Cependant, beaucoup de pays en développement sont encore privés des avantages que leur apporte au numérique, notamment une croissance économique sans exclusivité et durable, une meilleure gouvernance et une fourniture plus efficace des services.
Une gamme de technologies numériques peut faciliter la mise en œuvre de décisions fondées sur des preuves dans les pays en développement.
On peut signaler par exemple, la prévision des récoltes grâce à l'imagerie satellite, la détection de la fraude fiscale grâce à des algorithmes d'apprentissage automatique (machine Learning) , ou le suivi de la pauvreté grâce au traitement des images et au l 'Apprentissage en profondeur.
Le gouvernement congolais est bien placé pour concevoir et gérer ces solutions technologiques en collaboration avec les start-up du pays.
La question qu'on peut se poser en ce moment est : comment est-ce que la technologie de l'information est arrivée au Congo ?
II. HISTORIQUE DE LA TÉLÉCOMMUNICATION ET DE L'INTERNET EN RDC
II.1. Héritage de la politique coloniale
A l'origine des Télécommunications en RDC, était la sécurité des Agents Coloniaux, disséminés sur un vaste territoire et hostile au départ, d'où les premiers postes télégraphiques suivant l'organisation administrative de favoriser ainsi les campagnes n'ayant pas de bureaux d 'administration coloniale.
Pour le pouvoir colonial, les télécommunications n'étaient pas conçues pour jouer un rôle moteur dans le développement économique du pays, surtout que la métropole belge était un passage obligé pour toutes les communications sortantes et entrantes en République Démocratique du Congo.
Vers les années 1950, l'Administration Coloniale autorisa les grandes entreprises à posséder leurs propres réseaux de Télécommunication sans tenir compte de la division administrative, à condition de ne pas raccorder de tierces personnes, d'accepter le contrôle de l'Etat et de payer une redevance appropriée.
II.2. La Gestion des télécommunications à l'indépendance de la RDC
A l'indépendance de la République Démocratique du Congo en 1960, dans le secteur des Postes et télécommunications (PTT), le Congolais le plus formé n'avait passé que 6 mois à l'école postale et donc prédestiné à servir au guichet, d 'où le chaos au départ des cadres belges .
En 1968, à la création de l'offre des PTT, le Gouvernement recourt aux services de la société Bell Telephone Company (BTC), filiale belge de l'Américaine ITT pour pouvoir au remplacement du matériel obsolète enfin de donner un nouvel élan à l 'office des PTT. En 1974, une étude sérieuse de planification des télécommunications fut initiée pour mettre en place un système des télécommunications par satellite avec des stations polyvalentes.
II.3. Bradage de la téléphonie cellulaire
Limité à environ 11000 lignes à Kinshasa, le réseau fixe (filaire) géré par l'Office congolais des Postes et Télécommunications (OCPT devenu SCPT) n'existe plus. Un opérateur privé (Congo Korea Telecom) s'est lancé dans la pose de câbles en fibre optique et l'ensemble de leur réseau est diffusé à environ 3.000 abonnés. Cependant, le secteur s'est développé grâce à l'implantation de quatre opérateurs de téléphonie mobile GSM qui permettent de relier les principales agglomérations du pays. C'est ainsi que le nombre d'abonnés est passé de 20.000 en 1997 à environ 4.5 Millions en 2007.
La Téléphonie cellulaire, née du mariage entre l'ordinateur et les Télécommunications, offre de nombreux avantages :
· . Suppression de câble de transmission ;
· . Temps de connexion très réduit ; et
· . Espace virtuel extensible à souhait.
En 1986, on a assisté à la naissance de la première firme de téléphonie cellulaire qui s'est vue attribuer la totalité de la gamme de fréquences utilisables et même d'un préfixe réservé à l'extension ultérieure de l'office des PTT. En 1990, c'est la libération du secteur des PTT et en 2003, la RDC compte six opérateurs de téléphonie cellulaire, à savoir Starcel, Oasis qui devient Tigo en 2006, Celtel qui devient Zain en 2007, Vodacom, Congo Chine Télécom (CCT ). Notons enfin l'arrivée de Standard Telecom en 2007.
II.4. Internet en RDC
Créé en 1972 par l'armée américaine, passant d'un réseau financé par des fonds publics américains, visant à mettre en relation les ressources du département ouvert de la Défense, au réseau mondial de transmission d'informations, de communication et de commerce et au public depuis 1983. C'est vers 1995 que l'Internet est ouvert au public congolais à travers quelques cybercafés de la capitale Kinshasa.
Jusqu'à l'an 2001, ce secteur évoluait dans l'informel. C'est en décembre 2002 que la RD Congo vit un cadre légal et réglementaire régissant le secteur des Postes et Télécommunications en RD Congo.
La dernière modification date du 16 mai 2008 où le Gouvernement a procédé à la révision et l'adaptation du cadre légal par la loi n°08/002.
À ce jour, les organisations internationales ont principalement structuré leur production de connaissances autour de statistiques et de rapports politiques. Les outils numériques pourraient être le prochain bien public. Le développement et la centralisation des biens publics numériques (et leur mise à disposition gratuite) pourraient donner aux décideurs locaux (gouvernement) les moyens de créer davantage de connaissances et leur permettre de prendre des décisions plus avisées et judicieuses
Une meilleure prévision des récoltes grâce à la surveillance par satellite pourrait aider les pays en développement à atténuer les hausses de prix ou à lutter plus efficacement contre la pénurie alimentaire.
Par exemple, le Canada utilise désormais la combinaison de l'imagerie satellite et de la reconnaissance d'image (avec un algorithme d'apprentissage profond) pour surveiller les rendements, prévoir les récoltes et intégrer plus rapidement les résultats dans les statistiques nationales. Cela réduit l'incertitude, augmente la granularité et la vitesse de l'information, et permet aux dirigeants de prendre des décisions plus judicieuses et d'adapter leurs politiques aux spécificités locales.
Les technologies actuelles offrent la possibilité de tempérer ces risques.
De fait, l'agriculture est l'un des nombreux secteurs où les pays en développement diffèrent des problèmes communs et face à il existe des solutions technologiques . Le suivi de la pauvreté à un niveau granulaire , la prévision des récoltes, la détection des fraudes fiscales et l'anticipation des schémas migratoires sont autant de situations où le « big data » et les outils analytiques sont utiles. Plusieurs pays ont déployé ces outils numériques avec succès.